Entreprises en 2020: mettez la diversité et l’inclusion au centre de vos préoccupations

Pour la deuxième entrevue de cette série, nous avons eu le plaisir de rencontrer Geneviève Comeau des Filles Fattoush. Oeuvrant anciennement dans le milieu publicitaire, elle gagne maintenant sa vie en tant que directrice générale dans une entreprise sociale forte inspirante.


Les Filles Fattoush, c’est un service traiteur de cuisine syrienne qui a pour mission de donner de l’emploi aux femmes syriennes nouvellement arrivées au Canada. Les Filles Fattoush, c’est aussi un désir de créer un pont entre ces deux cultures à travers la cuisine et le savoir-faire culinaire. L’entreprise représente la force de réunir des femmes et de leur donner une indépendance financière, de faciliter leur intégration à une nouvelle culture, de les sortir de l’isolement mais surtout, de leur donner confiance en leurs propres moyens.


C’est donc autour d’un Ouzi (plat typiquement syrien et considéré par Geneviève comme le pâté chinois de la Syrie) que nous avons discuté du concept des Filles Fattoush, mais aussi de l’importance de miser sur la diversité et de l’inclusion au sein d’une entreprise.



Pourquoi avoir quitté le milieu de la publicité pour se joindre à une entreprise à caractère social comme les Filles Fattoush?


J’avais un énorme désir de tester l’entrepreneuriat, en plus d’un grand besoin d’avoir un impact positif auprès de la société. C’est d’ailleurs durant mon séjour chez l’agence de publicités Bob que j’ai eu la chance de découvrir le concept du développement durable, car elle souhaitait le mettre de l’avant dans ses pratiques.

Grâce à mes recherches, j’ai pu en apprendre davantage sur l’impact social et les points positifs rattachés. Je suis également tombée sur la phrase suivante : la meilleure façon de rencontrer l’autre, c’est à travers un repas. Donc lorsqu’une des fondatrices m’a approché pour me présenter le concept des Filles Fattoush, j’ai tout de suite été interpelée.



Comment est née l’idée d’une entreprise qui fait le pont entre la communauté syrienne et canadienne?


L’idéatrice du projet est Josette Gauthier, une documentariste sociale. Lors d’un séjour dans un camp de réfugiés au Liban, elle a été témoin d’un projet inspirant qui consistait à permettre aux femmes de cuisiner des plats pour ensuite les vendre à l’extérieur du camp. Marquée par cette initiative, elle a décidé, à son retour à Montréal, de créer un projet semblable en mettant au cœur l’expertise des femmes.


Pourquoi allez vers la communauté syrienne? Étant consciente de la gravité de la crise qui frappait la Syrie et du sort qui est destiné à ce peuple, elle décide de cibler cette communauté pour tenter de faciliter leur intégration. Et pourquoi aller vers les femmes? Souvent à l’arrivée des familles syriennes au Canada, il est beaucoup plus difficile pour elles de trouver des ouvertures professionnelles. La situation familiale qui restreint la femme à rester à la maison ou même un bagage professionnel différent de celui de l’homme explique entre autres ce phénomène.


Par contre, Josette, n’étant pas Syrienne, n’avait pas énormément de contacts pour développer son projet. C’est alors qu’Adèle Tarzibachi, une Canadienne originaire d’Alep, s’est jointe à l’équipe en tant que cofondatrice. C’est grâce à cette femme d’affaires que le projet a réellement pris forme.



Est-ce qu’un emploi avec les Filles Fattoush est un tremplin vers une autre profession ou est-ce que les femmes qui débutent avec vous souhaitent en faire une carrière à long terme ?


Il y a eu des femmes qui ont travaillé avec nous et qui ont par la suite travaillé dans des restaurants ou des garderies. Certaines sont même retournées aux études.

Cela dit, il y a aussi des femmes qui nous accompagnent depuis le début et qui souhaitent en faire une profession plus que passagère. En leur fournissant de bonnes conditions de travail, on leur permet d’évoluer dans un milieu qui est sain et où tout le monde est respecté. Dans les deux cas, on accompli notre mission de leur offrir un travail en plus de créer la première ligne de leur CV.



Quel retour recevez-vous de la part des femmes qui viennent travailler avec vous?


Elles sont fières du travail accompli et de faire partie d’un projet en plus d’être impressionnées et agréablement surprises par la réaction positive de la communauté montréalaise face aux produits. Elles sont aussi reconnaissantes de pouvoir vivre une expérience professionnelle valorisante dans leur nouvelle terre d’adoption.



Comment définirais-tu l’engouement de la communauté montréalaise à l’égard d’une entreprise qui comme la vôtre, mise sur la diversité?


Elle est très réceptive au projet. Dans les médias, nous entendons plusieurs actualités concernant la crise qui sévit en Syrie. Les gens sont donc contents de voir qu’une entreprise offre une solution concrète pour accueillir ces nouveaux arrivants qui quittent une zone de guerre.

Les Montréalais viennent vers nous parce qu’ils veulent contribuer à notre mission. Ainsi, en plus de répondre à leur besoin de services traiteurs et de découvrir une nouvelle cuisine, ils ont un impact positif au sein de la société. On a aussi la chance d’œuvrer dans une ville comme Montréal, où l’engouement pour l’économie sociale est grandissant. Cela nous aide grandement.



Selon toi, quels sont les principaux avantages reliés au fait de bâtir une équipe qui mise sur la diversité?


Ça permet d'enrichir la culture interne d’une entreprise, parce que chaque culture amène des visions et des forces différentes. Une entreprise doit souvent répondre à des besoins qui vont varier d’une communauté à l’autre. Selon moi, pour répondre à une diversité de besoins, pourquoi ne pas miser sur la diversité elle-même pour y répondre le mieux possible?

 

Ça permet à une entreprise de se remettre en question ; de revoir sa manière de faire les choses. Par exemple, notre rapport à la performance et au rendement a changé. On a décidé de miser sur le fait d’être plus accomplies et heureuses dans ce qu’on fait, au lieu d’avoir un stress constant relié à la rentabilité. Cette réflexion est clairement le résultat d’une collaboration avec la communauté syrienne.



Si une entreprise souhaite améliorer la diversité au sein de son équipe de travail, qu’est-ce que tu leur suggères?


Avant tout, les employés à l’interne doivent être ouverts à la réalité de la diversité et de l’inclusion au sein de leur équipe. Ces deux concepts doivent faire partie des valeurs de l’entreprise. Il faut prendre le temps d’en discuter pour que l’ensemble de la compagnie, direction comme employés, comprenne les nombreux bienfaits que la diversité et l’inclusion peuvent apporter à l’organisation. Une valeur, une vision ou des actions qui sont expliquées sont toujours plus facilement assimilées.



Quelles sont les actions qui pourraient être prises pour aider la communauté syrienne?


Selon moi, la meilleure manière d’aider les nouveaux arrivants à s’intégrer est de leur offrir des possibilités d’emploi où ils seront encadrés et respectés. Les programmes de parrainage (voir la liste ci-bas) ne sont malheureusement pas assez connus et pourtant, ce sont des programmes qui pourraient grandement aider à l’intégration des nouveaux arrivants, peu importe leur pays de provenance.



Recommandations Pac


Tu désires miser sur la diversité et l’inclusion au sein de ton équipe de travail, voici 4 éléments clés qui pourraient t’aider à y parvenir.


1.Crée un environnement de travail où le respect, l’acceptation des différences et l’ouverture d’esprit sont prônés

2.Mets en place des situations où les employés sont amenés à discuter et à partager sur des sujets qui ne sont pas reliés au travail. Ces échanges peuvent clairement favoriser un climat de confiance et de respect au sein de ton équipe de travail.

3.En tant que gestionnaire, assure-toi de connaitre les spécificités, soit reliées à des pratiques religieuses ou à certaines limitations physiques, chez tes employés pour t’assurer que l’entreprise les encadre adéquatement.

4.Informe-toi sur les différents organismes qui viennent en aide aux nouveaux arrivants à la recherche d’emploi (Parrainage Chambre des Commerces de Montréal, Welcome Collective, CSAI)


Si tu désires en apprendre plus sur des bonnes pratiques en entreprise, n’hésite pas à venir nous jaser.

Article écrit par Thomas, Consultant B Corp (il/he/him)

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